Bilan de Lake Success

Importants succès français

Dès lors, quel pouvait être le rôle de la délégation française ? Pour employer le langage politique de l'heure, nous serions tentés de dire qu'il a été un rôle de « Troisième force » : tâcher de ramener les problèmes à leurs éléments techniques, où ils sont solubles, émousser les pointes trop vives des motions soviétiques ou américaines. La France y a trouvé un plein succès, comme jadis aux conférences des quatre. Disons que chaque fois qu'une décision a été prise, ce fut en fin de compte sur une proposition française, et ceci même dans les cas les plus épineux, telle l'affaire de Grèce, l'affaire des fauteurs de guerre, la lutte contre les fausses nouvelles, l'affaire de la Petite Assemblée, qui furent en fait les vrais points d'accrochage entre Vichinsky et Marshall.

On a parfois blâmé notre délégation de n'avoir pas pris parti dans l'affaire de Palestine. Pour ma part, je me refuse de partager cette indignation. Nous avons souvent répété ici que les données de ce problème étant faussées, il était momentanément insoluble. Alors pour qui s'engager, se compromettre sur des projets destinés à ne pas aboutir. Nous avons trop besoin des prêts américains pour mécontenter les sionistes, nous sommes une grande puissance musulmane et nous ne pouvons non plus irriter impunément les Arabes. Force nous est d'être prudents et de ne nous engager que lorsqu'on aura quelque chance d'aboutir à une solution.

L'Angleterre, pour sa part, l'a bien compris, qui pas plus que nous ne s'est prononcée. Elle a « retiré son épingle du jeu » en annonçant qu'elle renonçait à son mandat : mais sur les propositions de partage, tout comme nous elle s'est abstenue.